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Le balai, Anton a raison

Synopsis

Philippe Angelier est revenu d’un long voyage à travers le monde ; voyage initiatique et mystique mal assumé puisqu’il n’avait prévenu personne en partant. Le voyage est un échec, il est revenu surtout par manque d’argent. Tout juste réinstallé, il constate amèrement que rien n’a changé ni ne semble vouloir évoluer. Son père Tristan, harcelé par sa femme qui craint sa mort plus qu’il ne la craint lui-même, insiste pour lui vendre son appartement. Autour de cet événement bouillonnent des personnages qui mènent leur existence vaudevillesque, frisent l’exaspération, explosent ponctuellement avec pudeur. Philippe imagine que le dramaturge russe Tchekhov le juge, en le regardant silencieusement.

 

Intention de l’auteur / metteur en scène

La pièce m’a permis de me plonger dans l’univers de la littérature russe et notamment celle d’Anton Tchekhov. Les personnages sont souvent en constat lucide vis-à-vis de ce qui leur arrive mais ont peu de pouvoir. Le sous-titre, fait référence aux quatre grandes pièces de Tchekhov et la lecture que j’en ai faite(La Mouette, Oncle Vania,  Les Trois Sœurs et La Cerisaie). Ce sous-titre est une fausse piste de lecture, nuancée tout au long de la pièce. Reprenant les grands thèmes de l’œuvre de Tchekhov, il est question dans cette pièce d’amour, de rêves et des projets des personnages, opposés à la réalité et au temps qui passe. Ces thèmes généraux se retrouvent aisément dans un contexte plus moderne et “occidental” . Toutefois c’est la grandeur des espaces russes, et l’isolation des petites villes qui donnaient un caractère inexorable à la situation, ce sont aussi les bouleversements du contexte historique qui offraient un panel de personnages nettement distincts les uns des autres… Tous ces éléments appartenant désormais à une époque révolue, il faut en créer des nouveaux, rechercher les symptômes de société à la manière du docteur Tchekhov, et comprendre comment ils déterminent les personnages pour trouver un style propre.

La mise en scène que je prévois s’apparente à un faux naturalisme. Le symbole sera capital mais ancré dans le quotidien pour gagner en crédibilité. « Le balai » est un de ces symboles. Une fois le balai passé, la poussière s’installe à nouveau. Le malaise des personnages est en grande partie issu du caractère éphémère de leurs plaisirs. L’action se déroule dans un lieu unique qui a une importance capitale : un appartement très commun mais dense et travaillé dans les détails, qui tantôt se plie à la volonté de ses habitants, tantôt peut prendre le dessus jusqu’à se montrer menaçant. Dans ce même décor, deux ambiances distinctes:

– L’appartement tout équipé, plutôt commode et vivant ;

– Le même appartement habité/hanté par l’agaçant personnage muet d’Anton Tchekhov. Ambiances lumineuses et sonores adaptées aux apparitions du dramaturge

Bien que la pièce puisse sembler austère au premier abord, il s’agit tout de même d’un  vaudeville, certes un peu amer, qui doit se prêter autant à l’humour qu’au lyrisme. L’oscillation entre la légèreté et les passages plus lourds demande un travail vaste et exigent, que je souhaite enrichissant pour les comédiens.